Suite au bond de Tel Aviv dans le classement des villes les plus chères au monde publié par la revue économique The Economist, l’économiste Eyal WINTER revient sur les solutions à mettre en place pour tempérer cette tendance.
« Il convient d’encourager les start-up et les jeunes, par le biais de divers outils économiques, à quitter Tel Aviv, sous peine de voir cette ville exploser ».
Dans une interview accordée à l’un des plus grands sites d’informations israélien Ynet, le Professeur Eyal WINTER, enseignant et chercheur au sein du Département Économie de l’Université hébraïque, revient sur le classement des villes les plus chères au monde publié par la revue économique The Economist le 18/11/2020.
Il commence d’ailleurs son entretien en ironisant « je pensais que Tel Aviv était déjà en deuxième place ! Quel fut mon étonnement de ne la retrouver qu’en 5ème position… ».
Bien que prêtant à sourire, la situation est toutefois préoccupante…
En effet, dans le précédent classement publié en 2019, Tel Aviv était encore en 10ème place, or aujourd’hui elle se dispute la 5ème avec Osaka (grande ville japonaise).
En haut de la liste et sans grande surprise, l’on retrouve Paris et Zurich qui se disputent la première place avec Hong-Kong, suivies de Singapour directement en 4ème place, viennent ensuite Tel Aviv et Osaka, suivies de Genève, New York, Copenhague et en dixième place Los Angeles.
Afin de mieux comprendre ce classement, il convient de rentrer dans les détails de son élaboration.
Il s’appuie sur une comparaison des prix pratiqués pour 138 produits et services dans 130 villes du monde ; chaque ville reçoit des points dont la distribution est fonction du niveau des prix, qui pour plus de facilité sont tous convertis en dollars US.
Dans le présent classement, Tel Aviv a reçu 101 points, tandis que les villes occupant la première place sont loin devant avec 103 points…soit 2 points de plus…
Les prix des produits et services étudiés sont bien évidemment influencés par la demande de la population résidant dans la ville étudiée.
Concernant Tel Aviv, les prix des logements permettent de comprendre que la population y résidant fait partie du haut du panier avec une solide situation financière et donc consommatrice de produits plus chers que la moyenne.
Même les jeunes qui louent un appartement dans la ville n’ayant pas les moyens d’en acheter un, ont tendance à dépenser leur argent face à l’abondance de tentations culinaires et culturelles que la ville a à offrir.
WINTER revient d’ailleurs sur l’une des problématiques majeures de la ville : « son manque de terres constructibles et donc d’offre face à une demande bien trop importante, conduit à une situation effroyable sur le marché de l’Immobilier ».
Puis de revenir sur la spécificité israélienne qui veut « que contrairement aux autres grandes villes du monde que la population active quitte une fois arrivée à sa retraite pour des contrées plus paisibles, à Tel Aviv l’on remarque un afflux de nouveaux habitants vendant des appartements devenus trop grands et situés dans la Périphérie pour venir s’installer à Tel Aviv une fois à la retraite, notamment car leurs enfants et petits-enfants s’y trouvent également ! »
Il convient donc selon lui de « mettre en place tout un ensemble de mesures poussant les grandes entreprises du secteur de la Hi-Tech, ainsi que les start-up, à délocaliser, sortir de Tel Aviv, ainsi que des mesures encourageant les jeunes à la quitter, ce qui permettra de retrouver des prix plus raisonnables, autrement, cette ville implosera ! Il faut à tout prix éviter des opérations comme celles dites de prix « ciblé » à Tel Aviv, qui amplifierait la concentration au sein de la ville ».
« Nous devons mettre en place tout un ensemble de mesures qui permettront de désengorger la ville et de mieux répartir la population israélienne sur l’ensemble du territoire ».
Concernant les lieux de loisirs et de Culture, « nous devons en encourager par diverses mesures économiques et fiscales, la délocalisation. De fait, force est de constater qu’ils sont l’un des atouts majeurs en matière d’attractivité d’une ville ou d’un quartier. Il n’y a pas de fatalisme ! Il n’y a rien qui soit fait à Tel Aviv qui ne puisse l’être dans une autre ville ».
Enfin, « il ne faut pas sous-estimer le facteur social dans la concentration de population observée à Tel Aviv. Beaucoup y sont non pas pour le travail et les loisirs, mais surtout car leurs proches s’y trouvent aussi et que – et c’est bien naturel – ils souhaitent être proches de ces derniers.
Dès lors que seront mises en œuvre des mesures fiscales et économiques avantageuses pour ceux s’installant dans des zones moins attractives que Tel Aviv, nous assisterons à n’en point douter à des flux de population quittant Tel Aviv, qui en sortira elle aussi par le haut, car moins dense ».
» À terme, c’est tout le pays qui bénéficiera de cette délocalisation de population, à la faveur d’une population mieux répartie sur l’ensemble du territoire, et donc un territoire mieux maîtrisé ».