En augmentant brutalement le taux directeur de 0.50 %, le Gouverneur de la Banque Centrale d’Israël, a clairement signifié vouloir endiguer l’Inflation.
Selon ses prévisions, le taux directeur atteindra les 2.75 % d’ici un an, et pour les prêteurs, cela signifie qu’il est temps d’oublier l’ère des prêts à taux zéro et l’argent bon marché.
Le professeur Amir Yaron, actuel Gouverneur de la BCI est inquiet.
Et pour cause : l’Inflation est à son plus haut cours depuis ces 40 dernières années et en forte progression dans nombre de pays ; bien plus qu’en Israël.
Selon lui, il n’est pas exclu qu’Israël connaisse la même flambée que celle observée en Europe ou aux États-Unis, ce qui justifie la mesure draconienne prise de réhausser le taux directeur de 0.50 % pour le ramener à son plus haut niveau connu au cours des 11 dernières années.
Cette mesure surprend d’autant plus, que depuis sa prise de fonction il y a trois ans et demi, il n’avait touché qu’une fois au taux directeur, pour ensuite le ramener à son taux initial.
La première hausse du taux directeur sous sa gouvernance eu lieu le 11/04/2022 ; tandis que les prévisions parlaient d’une augmentation de son plus bas historique de 0.10 % à 0.25 %, il surprit avec une augmentation plus élevée, en le ramenant à 0.35 %.
Tandis que l’on s’attendait à ce que le 23 mai, le Gouverneur augmente assez modérément le taux d’intérêt d’un autre quart de point – encore une fois, le gouverneur surprit, l’augmentant de 0.40 % pour le ramener à un taux annuel de 0.75 %.
Le 4/07/2022 il surprend encore une fois, en le rehaussant brutalement de 0.50 %, alors que les prévisions portaient sur 0.25 %.
Rappelons qu’au sein du comité Monétaire qu’il préside, sa voix compte double en cas d’égalité, ce qui lui permet de faire passer nombre de décisions et en dépit du fait que que ce comité compte trois seniors de la BCI, sur un total de six membres.
Lors de la conférence de presse au cours de laquelle le Gouverneur a annoncé la hausse du taux directeur, ce dernier a clairement expliqué qu’il prendrait toutes les dispositions qui s’imposent pour endiguer la flambée de l’Inflation.
D’ailleurs, il ne cache pas ses intentions en terme de taux directeur qui, rappelons-le, est l’un des leviers permettant de juguler l’Inflation, avec des prévisions à 2.75 % d’ici le second trimestre 2023.
Le taux directeur est commercialisé par la banque sous la formule Prime, qui est le taux directeur majoré de 1.50 % ; ainsi, et pour peu que le Gouverneur décide de le ramener à 2.75 %, le taux de base du Prime avant commission bancaire venant le majorer ou le minorer, serait de 4.25 % contre 1.60 % avant avril 2022.
Quelles conséquences pour les ménages israéliens ? La fin de la récréation.
De fait, il est temps d’oublier l’ère des prêts à taux zéro et l’argent bon marché.
Celui qui sollicitait un prêt intégral dans le cadre d’une acquisition automobile au taux de Prime + 0.50 %, soit un taux effectif de 2.10 %, en somme quelques centaines voire milliers de shekels selon le montant et la durée du prêt, reconsidèrera la question à l’aune d’un taux à 4.75 %….
La situation actuelle et les temps à venir vont forcer la famille israélienne moyenne à repenser ses projets et objectifs : les prix vont continuer d’augmenter dans pratiquement tous les domaines, les taux d’intérêt seront également plus chers que ce soit à l’emprunt ou en cas d’autorisation de découvert, les réductions de dépenses de la part des employeurs, voire même des licenciements.
La crise de la Covid-19, ainsi que la guerre russo-ukrainienne, ont provoqué une flambée des prix des matières premières et de certains aliments de première nécessité.
Face à la double incertitude, tant sur le plan local au regard des élections anticipées à venir, que sur le plan international en raison de l’Inflation qui fait rage, le Gouverneur semble vouloir prendre sa part de responsabilités dans un contexte incertain.
Seule la BCI sera habilitée à moduler les taux, à injecter des liquidités dans l’Économie ou encore à manipuler divers outils financiers, et ce en toute indépendance, la Banque Centrale étant autonome et n’ayant pas à répondre de ses décisions auprès du Gouvernement.