Le dernier rapport de l’OCDE salue la résilience de l’économie israélienne face aux crises, mais appelle à des réformes structurelles urgentes pour garantir une croissance durable et unifiant la population israélienne.
Une croissance meilleure que prévue, à condition de stabilité
Le rapport 2025 de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) sur l’économie israélienne brosse un tableau en demi-teinte. Si l’organisation salue la solidité du pays face à la crise sécuritaire d’octobre 2023, elle alerte également sur les risques structurels qui pèsent à moyen terme.
Les prévisions de croissance ont par ailleurs été revues à la hausse : 3,4 % en 2025, puis 5,5 % en 2026, à condition que la situation géopolitique se stabilise. Cette croissance dépendra notamment de la reprise des investissements privés et d’une consommation intérieure soutenue.
Politique monétaire rigoureuse, finances publiques sous tension
L’OCDE souligne que l’économie israélienne a abordé la crise avec des fondamentaux solides : faible chômage, dette publique contenue (60 % du PIB), et système bancaire robuste. La Banque Centrale d’Israël est également saluée pour sa politique monétaire proactive, qui a contribué à freiner l’inflation.
Mais sur le plan budgétaire, la situation est plus préoccupante. Le déficit a grimpé à 8,2 % du PIB en 2023, notamment en raison de la hausse des dépenses sécuritaires. Si l’OCDE prévoit un reflux à 4,7 % en 2025, elle appelle à un plan budgétaire pluriannuel sérieux pour inverser durablement la tendance.
Mieux intégrer les populations arabes et ultra-orthodoxes
Le rapport met en lumière un défi majeur pour la soutenabilité économique du pays : l’intégration incomplète des populations ultra-orthodoxes et arabes dans le marché du travail. Ces groupes affichent des taux de participation et de productivité bien inférieurs à la moyenne nationale.
En ce sens, l’OCDE recommande notamment :
– De conditionner les financements publics des écoles ultra-orthodoxes à l’enseignement des matières fondamentales ;
– De supprimer les subventions accordées aux étudiants en yeshiva n’exerçant pas d’activité professionnelle ;
– D’égaliser le financement des écoles arabes avec celles du système général.
Ces mesures visent à renforcer les compétences des jeunes et à favoriser une participation économique plus large, dans l’intérêt de l’ensemble du pays.
Un coût de la vie parmi les plus élevés de l’OCDE
Le rapport insiste également sur le coût de la vie, devenu un enjeu macroéconomique central. Le panier de consommation en Israël est environ 40 % plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE, ce qui pèse lourdement sur les ménages les plus modestes.
L’OCDE identifie plusieurs causes structurelles à cela : protection excessive des producteurs locaux, barrières à l’importation, régulation lourde et manque de concurrence.
Elle appelle à :
– Poursuivre la baisse des droits de douane, notamment sur les produits agricoles ;
– Supprimer certaines régulations sectorielles spécifiques ;
– Simplifier les démarches administratives pour encourager l’entrée de nouveaux acteurs économiques.
État de droit : une condition essentielle pour la croissance
Enfin, l’OCDE insiste sur un point fondamental : le respect de l’état de droit et l’indépendance du système judiciaire. Un environnement institutionnel stable, transparent et équitable constitue un prérequis essentiel à l’investissement, à l’innovation et à la lutte contre la corruption.
Des institutions fortes ne sont pas seulement un levier démocratique, mais aussi un avantage économique comparatif, conclut l’Organisation.