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La Banque Centrale d’Israël temporise : pas de baisse du taux directeur malgré les tensions
La Banque Centrale d’Israël temporise : pas de baisse du taux directeur malgré les tensions

Alors que l’inflation ralentit mais reste au-dessus de la cible, la Banque Centrale d’Israël maintient son taux directeur à 4,5 % et esquisse une trajectoire de baisse progressive. Dans un contexte de tensions géopolitiques, de croissance modérée et d’endettement public, la politique monétaire s’adapte avec prudence.

Maintien du taux à 4,5 % pour la 12ᵉ décision consécutive

La Banque Centrale d’Israël a décidé, pour la douzième fois de suite, de maintenir son taux directeur à 4,5 %, conformément aux anticipations de la majorité des économistes. Cette décision se fonde notamment sur l’appréciation de la monnaie, la réduction de la prime de risque perçue, et un contexte plus stable sur le plan sécuritaire, marqué par un apaisement des affrontements directs avec l’Iran et des signes de trêve à Gaza.

Contexte inflationniste

En mai, l’indice des prix à la consommation (IPC) a été établi à +3,1 % en rythme annualisé. Bien que ce chiffre soit inférieur à ceux des mois précédents, il demeure légèrement au-dessus de la cible supérieure de la Banque Centrale (1 %–3 %).

Le département de recherche de la Banque Centrale maintient sa prévision d’inflation pour fin 2025 à +2,6 %, et anticipe une détente à +2 % en 2026, donc dans la fourchette acceptable.

Vers des baisses graduelles des taux

Le gouverneur Amir Yaron a indiqué que les conditions sont réunies pour lancer un cycle de plusieurs baisses progressives de taux au cours de l’année à venir, même si certains freins subsistent, notamment la hausse de la demande locative et les troubles géopolitiques.

Freins potentiels

Les perturbations d’offre dans le logement, amplifiées par les dommages liés au conflit, pèsent sur les loyers et soutiennent l’inflation à court terme.

Malgré l’appréciation du shekel, renforcée par l’afflux de capitaux étrangers, les effets sur l’inflation pourraient être neutralisés par une hausse simultanée de la demande dès l’apaisement sécuritaire.

Scénarios envisageables

Apaisement géopolitique

Si un cessez-le-feu à Gaza est mis en place et que les mobilisations militaires diminuent, la pression sur l’offre de main-d’œuvre pourra se relâcher. La consommation publique se modérerait, contribuant à une inflation sous contrôle et ouvrant la voie à une baisse graduelle des taux à 3,75 % en moyenne au 2ᵉ trimestre 2026, ce qui implique 3 baisses de 25 points de base.

Maintien de la prudence

Si l’inflation reste supérieure à la cible, la Banque Centrale continuera d’adopter une approche « data dependent » — c’est-à-dire, conditionnée aux données réelles, pas seulement aux prévisions. Même si les marchés anticipent une première réduction dès août, la Banque Centrale évitera tout mouvement prématuré tant que l’inflation ne reflète pas une tendance soutenue vers l’objectif.

Tensions et perspectives sur la croissance

La Banque Centrale a abaissé sa prévision de croissance 2025 à +3,3 %, contre une estimation antérieure plus optimiste, et relève sa projection pour 2026 à +4,6 %, reflet d’une reprise envisagée post-conflit.
Toutefois, le gouverneur Yaron souligne que le ratio dette/PIB devrait atteindre 71 % l’an prochain, soit un niveau plus élevé que prévu, tandis que le déficit budgétaire serait de 4,9 % en 2025, puis diminuera à 4,2 % en 2026, en lien avec les dépenses de défense.

Défi fiscal et arbitrages structurels

Yaron insiste sur la nécessité de réévaluer les priorités budgétaires face à la hausse conséquente des dépenses militaires. Il suggère de réduire les coûts inefficaces, notamment au sein de l’administration publique, pour dégager des marges budgétaires sans brider la croissance.

Deux forces en tension

  • Renforcement du shekel : ce phénomène favorise l’atténuation de l’inflation (moins d’importations chères).
  • Redressement de la demande intérieure : une amélioration du sentiment national ferait remonter la consommation, avec un impact inflationniste possible.

Ces dynamiques opposées créent une incertitude majeure quant à l’orientation future des prix à la consommation.

Monétaire externe : dépendance limitée aux États-Unis

La Banque Centrale d’Israël surveille certes la politique monétaire des États-Unis, mais affirme ne pas attendre une éventuelle baisse des taux chez la Fed pour agir localement. Elle privilégie une stratégie autonome, centrée sur les indicateurs domestiques.

Que retenir ?

  • Durabilité de l’inflation : l’inflation autour de 3 % justifie une prudence monétaire.
  • Baisses du taux directeur envisagées : un cycle de trois baisses progressives est prévu entre fin 2025 et mi‑2026.
  • Risques géopolitiques et structurels : la trajectoire reste sensible au front sécuritaire et aux choix budgétaires.

Croissance attendue forte (4,6 %) mais assortie d’un ratio dette/PIB élevé (71 %).

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