Si la Banque Centrale d’Israël annonçait prochainement une augmentation de son taux directeur, ce serait une surprise.
Pourtant, c’est la tendance observée dans nombre de pays, si bien que ce n’est qu’une question de temps pour que la BCI suive cette tendance.
Pourquoi est-ce une décision qui affectera le marché immobilier plus que n’importe quel programme gouvernemental ?
Comment est-elle censée freiner les hausses de prix et comment devons-nous nous préparer ? Il est aujourd’hui admis et évident dans le monde financier que l’on se dirige vers une nouvelle ère de hausses des taux d’intérêt, la FED – Réserve Fédérale Américaine – ayant déjà annoncé au minimum trois hausses de taux au cours de l’année à venir pour ramener son taux directeur à 1 %.
L’on peut donc légitimement demander quand est-ce que la BCI annoncera une hausse de son taux directeur ; la première depuis 2018. Dans le passé, Israël fut le premier pays à utiliser le taux directeur, aussi bien lors de la crise du début des années 2000, mais également lors de la crise des subprimes en 2008.
Il convient en ce sens de s’interroger sur la potentielle décision que prendra l’actuel Gouverneur de la BCI, le professeur Amir Yaron, connu pour son conservatisme.
Au cours des trois dernières années, ce dernier n’a en effet touché qu’une seule fois au taux directeur, lors du premier confinement, en l’abaissant, pour le faire passer de 0.25 % à 0.10 % ; baisse qui fut d’ailleurs justifiée.
L’ère des hausses de taux d’intérêt a pourtant déjà commencé.
La Grande-Bretagne a ouvert le bal en réhaussant son taux directeur à deux reprises (décembre 2021 et janvier 2022) pour le ramener à 0.50 % soit cinq fois l’actuel taux directeur en Israël ; rappelons que le taux directeur en Israël est à son plus bas taux historique depuis près de deux ans, soit 0.10 %, ce qui permet aux banque de vendre sa dérivée, le Prime, au taux de base de 1.60 % (hors commissions).
La FED et la BCE ont de leur côté déjà fait part de leurs intentions d’augmenter leur taux directeur.
L’économiste en chef au sein de la BCI, le professeur Leo Leiderman, prône une augmentation du taux directeur sans plus attendre ; il a accepté de répondre aux questions du journal économique Calcalist.
Pourquoi faut-il augmenter le taux directeur en Israël et dans le reste du monde ?
La crise de la Covid-19 touche vraisemblablement à sa fin, quand bien même beaucoup sont encore infectés par le virus.
Les confinements, et même parfois les restrictions, ont été levés dans la plupart des pays, la routine revient et les prix augmentent au sortir de deux années difficiles et de graves crises économiques.
L’Inflation bat son plein dans l’ensemble des pays et sans exception, ce qui n’est vraiment pas bon. C’est cette tendance qui constitue à elle seule un motif suffisant pour augmenter les taux directeurs qui sont à leurs plus bas historiques depuis quelques années déjà dans pratiquement tous les pays du monde.
En quoi l’Inflation est-elle dangereuse ?
Les hausses de prix telles que mesurées ces derniers mois aux États-Unis, en Europe et récemment aussi en Israël, frappent l’Économie et tout particulièrement les couches socio-économiques les plus faibles, car frappant directement de hausses les biens et produits à la Consommation.
Aux États-Unis, l’Inflation a déjà atteint son plus haut taux au cours des 40 dernières années, à savoir 7.50 % pour la seule année 2021.
Concernant l’Europe, elle est également à son plus haut taux depuis le début du 21ème siècle avec une augmentation moyenne de 5 % en 2021 ; plus de 10 % pour certains pays membres.
Est-il question d’un cercle vicieux ?
Lorsque les prix des matières premières et du Pétrole grimpent, à une époque de grave crise des Transports et de la Production au sortir de deux années de crise sanitaire, les produits deviennent plus chers, les coûts de manufacture augmentent, rendant les produits encore plus chers, les Transports deviennent plus chers, de dizaines de pour cent en l’espace de quelques mois – un trimestre plus exactement – affectant directement les plus modestes.
Quels sont les avantages à l’augmentation du taux directeur ?
Lorsque le taux directeur augmente, le prix de l’argent augmente. Au pic de la crise de la Covid-19, les gouvernements ont soutenu l’Économie grâce à des prêts particulièrement bon marché accordés aux entreprises et aux ménages.
À noter que même les découverts ne sont pas soumis à des taux d’intérêts trop élevés en Israël ; en revanche, les taux de rémunération des épargnes sont quasi-nulles (0.05 %).
En d’autres termes, il vaut mieux dépenser son argent, à plus forte raison lorsque les prix augmentent, tandis que de le laisser en banque, où les rémunérations sont quasi-nulles.
C’est d’ailleurs ce qui se vérifie dans les faits, avec une Consommation ayant augmenté de plusieurs dizaines de pour-cent fin 2021.
Et l’augmentation du taux directeur pourrait freiner ces augmentations de prix/l’Inflation ?
Lorsque les prêts et les découverts deviennent plus chers, la Consommation, ainsi que la Demande diminuent, ce qui n’est pas sans conséquences sur les prix.
Quel impact sur le marché Immobilier ?
L’augmentation du taux directeur aura bien plus d’impact que tous les plans gouvernementaux, qui ne sont jusqu’à présent que de l’ordre du projet, et qui prendront du temps à être mis en œuvre.
Le ministre des Finances a estimé pour sa part que l’augmentation du prix des appartements diminuera en 2022 de moitié par rapport à l’année dernière, soit une augmentation entre 5 et 6 % contre 11.30 % en 2021.
Pourquoi ?
Les taux d’intérêt particulièrement bas ces dernières années en matière de crédits immobiliers monteraient selon toute vraisemblance en flèche, poussant les ménages et autres investisseurs à reconsidérer la pertinence d’un achat immobilier au regard des surcoûts entraînés par la hausse des taux.
En conséquence de quoi, les vendeurs, qu’il s’agisse de promoteurs ou de particuliers, devront revoir leurs prétentions en termes de prix pour pouvoir vendre leurs biens immobiliers.
L’expérience montre qu’une augmentation conjointe des prix de l’Immobilier ainsi que des taux d’emprunts permettent de freiner net le marché Immobilier ; cela s’est d’ailleurs vérifié il y a quelques années.
Quelles conséquences pour les investisseurs ?
Une hausse du taux directeur aura des conséquences sur les marchés boursiers et sur le marché Immobilier.
D’une part, elle aura des effets néfastes sur nombre d’actions et d’obligations, évidemment pas toutes, à l’instar des actions émises par les banques, mais également rendre un investissement immobilier moins pertinent du fait de la baisse de rentabilité, conséquente à l’augmentation du taux d’emprunt.
En parallèle, la rémunération des épargnes bénéficiant de l’augmentation du taux directeur, les investisseurs pourraient se positionner sur des placements bancaires.