Le lendemain d’une nouvelle augmentation du taux Directeur par la BCI – Banque Centrale d’Israël – de 0.50 %, le Gouverneur de la Banque a fait savoir qu’il n’était pas satisfait du fait que l’augmentation du taux Directeur n’était pas répercutée sur la rémunération des placements.
Pour autant, et estimant que nous sommes sur un « marché libéral », il n’y aura pas d’intervention de la BCI sur ce point.
Au cours d’un entretien accordé par le Professeur Amir Yaron, actuel Gouverneur de la BCI, suite à la dernière augmentation du taux Directeur de 0.50 %, ce dernier a tenu à clarifier la position de la BCI sur la problématique des rémunérations des épargnes : « nous sommes sur un marché libéral et toutes les agences de notation comprennent que tandis que la BCI fixe son taux Directeur, les banques fixent leurs taux de rémunération, et qu’il nous est impossible d’interférer avec cette décision ».
« Je ne suis évidemment pas satisfait du taux de rémunération des dépôts et j’aimerais le voir augmenter à un rythme plus rapide calqué sur les augmentations du taux Directeur ; en ce sens, nous entreprenons de nombreuses réformes qui profitent aux clients, leurs donnant le pouvoir de défier les banques.
J’appelle le public à ne pas être passif et à confronter les banques ! En fin de compte, sur un marché concurrentiel, si les consommateurs prennent conscience de leur position de force et qu’ils ont les outils pour comparer et passer d’une banque à une autre, les taux de rémunération augmenteront également. »
Dans le contexte de la hausse supplémentaire du taux Directeur annoncée la veille de cet entretien, le Gouverneur a ajouté que « les hausses du taux Directeur prennent du temps à freiner l’inflation.
C’est un processus bien connu qui ne se produit pas immédiatement et nous devons être patients d’ici à voir leurs effets ; c’est un peu comme stopper un paquebot : cela ne se fait pas d’un coup de frein à main !
De plus, je suppose qu’au cours des deux ou trois prochains mois, nous verrons l’inflation encore augmenter légèrement.
Sauf d’autres évènements majeurs, nous estimons que l’inflation commencera à se modérer au cours du premier trimestre 2023 et devrait atteindre la fourchette que nous nous sommes fixée, à savoir une inflation comprise entre 1 % et 3 %, courant Été 2023. »
« Il est important de comprendre : la stabilité des prix est la condition à une Économie stable. Il est évident que l’augmentation des taux d’intérêt coûte plus cher aux gens en matière de crédits immobiliers et qu’en ce sens ils doivent penser à chaque shekel qu’ils dépensent, mais l’augmentation des prix affecte en premier lieu les plus modestes d’entre nous, d’où notre détermination à éradiquer l’inflation et à le faire le plus rapidement possible, car l’augmentation des taux est un moindre mal au regard des conséquences de l’Inflation pour ces derniers. »
Concernant les fortes hausses de prix qui ont été enregistrées ces derniers temps au sein de l’Économie israélienne, le Gouverneur estime « qu’en fin de compte, le taux Directeur est le principal levier pour réduire l’inflation ; nous n’interférons avec aucune entreprise. c’est un comportement monopolistique – c’est à cela que sert l’autorité de la Concurrence. »
Pour ce qui est de l’augmentation du coût de l’emprunt en raison de l’inflation et de l’augmentation du taux Directeur, « nous comprenons que la charge augmente pour les ménages, mais vous devez comprendre qu’en Israël, les financements sont accordées selon des règles très strictes visant à protéger le système bancaire, et donc l’Économie israélienne, en cas de temps difficiles ou, pis, de crise.
Vous ne pouvez pas contracter un emprunt si votre coefficient d’endettement ne le permet pas ; en ce sens, le système israélien est très stable. Nous comprenons que la période actuelle est douloureuse, mais c’est un moindre mal au regard d’un potentiel avenir dans lequel nous n’aurions pas juguler l’inflation. Nous sommes très loin de ce qui s’est passé aux États-Unis en 2008. »
Quant à la crainte d’une récession provoquée par les hausses successives du taux Directeur, le Gouverneur « ne pense pas que nous assistions à une récession. Nous avons connu une Croissance très élevée et nous constatons une augmentation du taux de chômage et une diminution des postes vacants, mais cela fait partie du ralentissement naturel de l’Économie. L’économie israélienne est encore très forte, à plus forte raison comparée à d’autres économies ».
Enfin, le Gouverneur a également abordé la question de l’indépendance de la BCI dans ses prises de décisions : « nous fixons le taux Directeur de manière professionnelle, correcte pour l’Économie et inclusive.
Nous comprenons tous le prix d’une inflation qui ne serait pas maîtrisée et, les décisionnaires – politiques et autres – comprennent les conséquences funestes que pourraient avoir une perte d’indépendance de la BCI dans ses arbitrages ».