L’Administration fiscale israélienne dévoile des données révélatrices sur la répartition des revenus dans le pays : les plus hauts revenus, en particulier ceux issus du capital, captent une part disproportionnée des richesses. Dans le même temps, une large portion de la population perçoit des revenus modestes, accentuant les disparités économiques. Ce bilan pose des questions essentielles sur la politique fiscale, l’équité sociale et les défis du modèle économique israélien.
Un panorama des revenus en Israël : l’essentiel des gains concentré au sommet
Selon les données récentes publiées par l’Administration fiscale d’Israël, l’élite économique du pays – l’« élite supérieure » – perçoit des revenus mensuels nettement plus élevés que la moyenne des citoyens.
En 2022, un individu appartenant au décile supérieur (les 10 % les mieux rémunérés) avait un revenu moyen d’environ 68 000 shekels par mois, dont près de 24 000 shekels provenaient de revenus du capital (intérêts, dividendes, gains en capital, etc.).
Ces chiffres contrastent fortement avec la situation des autres strates de la population : la moitié la plus pauvre gagne une fraction très réduite de la richesse nationale – à peine 11 % des revenus totaux – tandis que les 20 % les plus riches assument près de 80 % du paiement de l’impôt sur le revenu direct.
Ce constat met en lumière deux phénomènes importants :
– La concentration des revenus du capital chez les plus fortunés, qui tire la moyenne vers le haut ;
– La persistance d’inégalités significatives, malgré une fiscalité progressive en apparence.
Inégalités structurelles : entre travail et capital
L’Administration fiscale met en évidence un écart croissant entre les revenus tirés du travail et ceux issus du capital. Alors que la majeure partie des Israéliens tire ses revenus de salaires, de travail indépendant, de pensions ou de prestations sociales, les plus hauts revenus bénéficient en grande partie de revenus du capital, qui peuvent être très volatiles et fortement concentrés.
En détail :
– 82 % des revenus totaux en Israël proviennent du travail (salaires, activités indépendantes, pensions) ;
– Les revenus du capital – bien qu’ils ne représentent qu’une part minoritaire des revenus globaux (environ 17 %) – sont massivement concentrés dans le décile supérieur. Dans ce dernier, ils peuvent atteindre jusqu’à un tiers des revenus totaux.
La concentration des revenus du capital au sommet de l’échelle économique souligne une tendance fréquente dans les économies avancées : les gains financiers et les actifs possédés par une minorité peuvent accentuer les disparités et rendre la croissance moins redistributive.
Fiscalité et perception de l’impôt : un système progressif mais complexe
La fiscalité israélienne est souvent présentée comme progressive, c’est‑à‑dire que les taux d’imposition augmentent avec les revenus. Cependant, l’analyse de l’Administration fiscale nuance cette affirmation.
D’une part, les 20 % les plus riches paient effectivement une part très importante de l’impôt sur le revenu : environ 80 % du total des impôts directs. D’autre part, la moitié la plus pauvre des ménages paie une part relativement faible d’impôt, ce qui reflète un système qui vise à alléger la charge fiscale des ménages à faibles revenus.
Pour autant, ce système n’absorbe pas totalement les déséquilibres de revenus, notamment lorsque les revenus du capital – souvent plus difficiles à taxer que les salaires – sont pris en compte.
Des experts soulignent l’importance d’outils statistiques rigoureux pour mesurer précisément les inégalités, notamment lorsque les statistiques classiques sous‑estiment les revenus issus du capital ou omettent certains types de gains exceptionnels.
Conséquences socio‑économiques : mobilité, opportunités et perceptions
La concentration des revenus au sommet de la pyramide a plusieurs conséquences socio‑économiques :
a) Pressions sur la mobilité sociale
Un fort écart de revenus peut limiter la mobilité sociale ascendante. Lorsque les revenus du capital deviennent une source majeure de richesse, ceux qui ne possèdent pas d’actifs ont moins de chances d’augmenter significativement leur niveau de vie. Cela se reflète dans la proportion importante de la population qui reste en marge des revenus élevés.
b) Perceptions d’injustice et cohésion sociale
Les citoyens peuvent percevoir de manière dure les inégalités lorsqu’une petite élite concentre une part importante des richesses, surtout si cette concentration est visible dans des secteurs très médiatisés (technologie, immobilier, finance).
Cette perception peut alimenter des débats politiques intenses sur la fiscalité, les services publics et la redistribution.
c) Implications pour la politique publique
Les décideurs doivent prendre en compte ces disparités lorsqu’ils conçoivent des réformes fiscales, sociales ou économiques. Un débat récurrent porte sur la question de savoir s’il faut renforcer la taxation des revenus du capital, ajuster les tranches d’imposition ou élargir les mesures de soutien aux ménages à revenus faibles ou moyens.
Perspectives : défis et opportunités pour l’économie israélienne
Alors que l’économie mondiale traverse une période d’incertitude, avec des défis liés à la croissance, à l’innovation et à la cohésion sociale, Israël n’échappe pas à ces tensions. Le pays affiche des performances remarquables dans des secteurs comme la technologie, mais doit aussi faire face à des questions structurelles d’inégalité.
Pour répondre à ces défis, plusieurs pistes sont évoquées :
– Adaptation du système fiscal pour mieux prendre en compte les revenus issus du capital sans décourager l’investissement moteur de croissance ;
– Renforcement des mécanismes de redistribution pour soutenir les ménages à faibles revenus ;
– Investissements publics dans l’éducation, la formation professionnelle et la mobilité sociale, afin de favoriser une croissance plus inclusive.
Les données de l’Administration fiscale israélienne offrent un éclairage crucial sur la structure des revenus et l’importance des inégalités dans l’économie d’Israël.
Alors que le pays continue de prospérer dans certains secteurs, les disparités persistantes entre les différents groupes de revenus soulignent la nécessité d’une réflexion approfondie sur la fiscalité, la redistribution et les objectifs de politique économique.
Une économie dynamique doit aussi être équitable pour assurer cohésion sociale et croissance durable.

