Les récents tremblements de terre qui ont secoué la Turquie et la Syrie, occasionnant de nombreuses victimes et des dégâts matériels très importants, ont démontré que le principal danger constitue l’effondrement de bâtiments, quelle que soit leur nature.
L’État d’Israël, qui se trouve à la limite entre les plaques tectoniques africaine et arabique, et qui a connu ces derniers jours un séisme de faible magnitude ne faisant pas de victimes ni de dégâts, se prépare depuis des années à ce type de catastrophe naturelle, survenue à maintes reprises de par le passé.
La loi du « Tama 38 » et ses amendements sont l’une des principales solutions apportées par les gouvernements israéliens.
Dans les fait, les adaptations qu’elle prévoit sont-ils suffisants ?
Les séismes sont monnaie courante au Proche-Orient et ont lieu en moyenne une fois par centenaire.
L’historiographe Flavius Josèphe (37/38 – 100) rapporte dans ses écrits, qu’en 31 avant J-C un tremblement de terre violent a touché la région, occasionnant des dizaines de milliers de morts.
L’un des derniers séismes importants, dont l’épicentre était dans la région de la Galilée, a eu lieu en 1837 et avait provoqué de nombreuses victimes, ainsi que la destruction d’une grande partie de la ville de Safed.
Afin de prévenir l’effondrement de bâtiments en cas de séisme de grande ampleur, le gouvernement israélien a adopté en 1975 la norme numéro 413, destinée à fixer des paramètres antisismiques précis lors de la construction de nouveaux bâtiments.
Le principe de cette norme, mise en œuvre avec davantage de précautions suite à la guerre du Golfe de 1991, est l’instauration d’une construction reposant sur une structure en béton solide, qui sera à même de supporter un choc le cas échéant.
Cette méthode est venue remplacer la précédente qui reposait sur une logique de poids et comportait des blocs par étages superposés les uns sur les autres ; si l’un d’eux était touché, c’est tout le bâtiment qui s’effondrait.
De ce fait, la plupart des bâtiments ayant obtenu un permis de construire ultérieurement à l’année 1980 sont considérés comme répondants aux normes antisismiques.
En revanche, tous les bâtiments dont le permis a été obtenu préalablement à cette date présentent un risque très important d’effondrement en cas de séismes.
De plus, la plupart des mairies ont pris conscience qu’en cas de catastrophe naturelle de grande ampleur il est fort probable qu’elles auront à gérer seules leurs populations durant un délai minimum de 48 heures, devant leur apporter nourriture, abris, soins aux blessés, sauvetage des personnes sous les décombres, etc.
De ce fait, hormis les considérations infrastructurelles des bâtiments, elles tentent de se préparer également sur le plan logistique.
En 2005, le gouvernement israélien a publié le plan d’aménagement numéro 38, appelé communément la loi du « Tama 38 », dont l’objectif était de solidifier les immeubles construits avant les années 80 et de les adapter aux normes antisismiques.
Cette loi a pour avantage majeur de réduire les exigences administratives dans le cadre des dépôts de permis de construire, d’augmenter gratuitement les droits de construction des résidents et de procurer des avantages fiscaux aux promoteurs immobiliers.
Les limites de cette réforme
Cependant, plusieurs obstacles viennent réduire le succès de la loi du « Tama 38 » :
1. Cette loi ne prévoit pas d’avantages fiscaux afin de renforcer également les bâtiments publics (tels que les centres commerciaux, établissements scolaires, synagogues, etc.), mais uniquement les immeubles d’habitations ;
2. Les inégalités concernant la valeur du terrain encouragent les promoteurs à entreprendre les projets de Tama 38 dans les villes du centre du pays, augmentant ainsi leur profit, tandis que les villes de périphérie, qui sont sujettes à une forte exposition en cas de séisme, sont délaissées.
De plus, pour ces villes, la mise en œuvre de la loi du Tama 38 uniquement n’est pas suffisante et des améliorations sont indispensables, telles que des adaptations logistiques et budgétaires ;
3. Les mairies n’ont pas toujours les moyens financiers et pratiques afin de s’assurer du strict respect des normes antisismiques lors de la construction des bâtiments, bien que cette prérogative leur appartienne légalement ;
4. Le manque de collaboration des résidents, qui ne sont pas toujours conscients de l’importance de la mise en œuvre de ce type de projet ;
5. Le manque de collaboration des mairies qui présentent parfois des difficultés administratives et juridiques afin de délivrer les autorisations nécessaires aux promoteurs immobiliers.
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Maître Yonathan TSADIKA
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